Les Éditions Pix’n Love s’apprêtent à publier ce qui pourrait bien devenir le livre de référence sur un sujet encore trop peu exploré : l’histoire du manga français.

Avec « 30 ans de manga français », l’auteur Nathanaël Bentura (rédacteur en chef des magazines Picsou Magazine) propose un voyage passionnant à travers trois décennies de création hexagonale, depuis les premières tentatives timidement accueillies à la fin des années 1990 jusqu’à l’effervescence actuelle qui voit le manga français s’imposer dans les librairies aux côtés des géants japonais. C’est un ouvrage à la fois historique, analytique et profondément humain, qui célèbre une scène créative aujourd’hui foisonnante et longtemps incomprise.

Ce projet ambitieux n’aurait pas vu le jour sans une mobilisation exceptionnelle. L’éditeur a annoncé sur les réseaux sociaux avoir reçu le soutien de nombreux auteurs, dessinateurs et éditeurs français, tous profondément attachés à cette culture. Rien d’étonnant : depuis quelques années, le manga français connaît un essor spectaculaire, mais son histoire restait fragmentée, parfois même oubliée.

Ce livre arrive au moment parfait pour offrir une vision claire, documentée et passionnante de son évolution. Et Pix’n Love ne fait jamais les choses à moitié : la préface est signée par Reno Lemaire, créateur du mythique Dreamland, tandis que la couverture est illustrée par Guillaume Lapeyre, autre figure incontournable de la BD francophone. Deux noms qui suffisent déjà à situer l’importance éditoriale de cet ouvrage.

À travers ses pages, Bentura déconstruit un à un les clichés qui ont accompagné le manga à la française. Pendant longtemps, les lecteurs – et parfois même les professionnels – ont douté de la légitimité de ces œuvres, considérant que « le vrai manga » ne pouvait être que japonais. Pourtant, l’histoire racontée dans le livre montre clairement que la forme, la narration et l’héritage artistique dépassent la nationalité. Si les maîtres japonais ont posé les bases, ils ont aussi inspiré des créateurs du monde entier, dont une génération française marquée par Club Dorothée, par la découverte de Tezuka, Toriyama ou Oda, et par l’envie de raconter leurs propres histoires avec les codes du manga.

Pour illustrer cette évolution, « 30 ans de manga français » met en lumière pas moins de 80 oeuvres qui ont façonné le mouvement. Chacune est présentée dans son contexte, accompagnée d’entretiens avec leurs auteurs. On y découvre des titres pionniers aujourd’hui oubliés, des succès éclatants, des tentatives audacieuses et des créations hybrides qui ont défié les classifications. Du shōnen survitaminé au shōjo intimiste, en passant par des seinen plus expérimentaux, des adaptations de jeux vidéo ou des projets nés sur YouTube, la diversité est immense. L’auteur ne cherche pas à être exhaustif – tâche impossible tant la production s’est accélérée ces dix dernières années – mais à raconter l’essentiel : l’énergie, la passion et la ténacité des créateurs français.

Au fil des pages, on réalise combien cette scène a dû lutter pour exister. Les premiers titres ont souvent sombré dans l’indifférence, quand ils n’étaient pas jugés comme de simples copies. Il a fallu des années de persévérance pour que les éditeurs s’accrochent, que les lecteurs s’ouvrent, et que des œuvres comme Dreamland, Radiant ou City Hall prouvent que le manga français pouvait toucher un large public. Aujourd’hui, le mouvement est plus vivant que jamais : plus de deux cent cinquante mangas français ont déjà vu le jour, et ce chiffre ne cesse de grandir. Ce livre apparaît ainsi comme une photographie essentielle d’un paysage en pleine effervescence.

Outre son contenu, l’ouvrage est aussi un très bel objet éditorial. Grand format relié, iconographie riche, maquette soignée : c’est le type de livre que l’on garde, que l’on expose, que l’on offre. Il s’adresse autant aux fans de manga qu’aux amateurs d’histoire de la BD, aux curieux, aux étudiants, ou à quiconque souhaite comprendre comment un mouvement culturel naît, se cherche, souffre, puis s’affirme.

Les précommandes ouvriront le 25 novembre sur le site officiel de Pix’n Love (mais sont déjà ouvertes sur Amazon et Fnac par exemple), et il ne fait aucun doute que les premiers exemplaires partiront vite. La sortie, prévue en décembre, en fera un cadeau idéal pour les fêtes, mais surtout un ouvrage indispensable pour quiconque s’intéresse au manga ou à la création française.

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