Test réalisé sur PlayStation 5, après 12h de jeu, avec une version fournie par Aspyr. Les screenshots utilisés dans ce test ont été fournis par Aspyr.
La fin d’année 2024 a été marquée par la sortie (le 10 décembre) du remaster de Legacy of Kain: Soul Reaver 1 & 2 dont je vous propose le test.
Nouvelle Soul Reaver-sion
Sortis initialement en 1999 pour Soul Reaver et en 2001 pour Soul Reaver 2, les deux titres de la série Legacy of Kain ont marqué l’histoire des jeux d’action-aventure grâce à leur ambiance gothique, leur narration complexe et leur gameplay novateur. Développés par Crystal Dynamics et publiés par Eidos Interactive, ils sont rapidement devenus des classiques de l’ère PlayStation. En décembre 2024, à l’occasion du 25ème anniversaire de la saga, le studio Aspyr a livré une remasterisation ambitieuse des deux jeux.
Aspyr n’en est pas à son coup d’essai dans l’art de moderniser des titres cultes. Le studio avait déjà démontré son savoir-faire avec la remasterisation des trois premiers opus de Tomb Raider, acclamée pour son équilibre entre nostalgie et mise à jour graphique. Cette expertise se reflète dans cette nouvelle adaptation de Soul Reaver 1 & 2, disponible sur PS4, PS5, Xbox, Nintendo Switch et PC.
Avec des promesses d’améliorations visuelles significatives, de gameplay préservé et d’une atmosphère intacte, ce remaster vise autant à ravir les fans de longue date qu’à attirer une nouvelle génération de joueurs. Mais cette version modernisée réussit-elle à rendre justice à la grandeur des originaux ?
Un scénario qui n’a pas pris une ride
La force de Soul Reaver 1 & 2 réside indéniablement dans leur scénario riche et captivant, qui mêle vengeance, trahison et destinée dans un univers gothique sombre et mystérieux. Vous incarnez Raziel, ancien lieutenant vampire de Kain, trahi et jeté dans un abîme. Ressuscité en tant que spectre par une entité mystérieuse appelée l’Ancien, Raziel entreprend une quête de vengeance contre son ancien maître, Kain, tout en découvrant les secrets enfouis du monde de Nosgoth.
Le premier opus met l’accent sur la descente de Raziel dans ce monde torturé, confronté à la déchéance de ses anciens frères vampires et à la corruption qui gangrène Nosgoth. Au fil de son périple, il découvre des vérités troublantes sur son propre rôle dans cette lutte éternelle entre vampires et humains. Le jeu aborde des thèmes profonds comme le libre arbitre, le destin et les conséquences des choix, créant une intrigue complexe et philosophique.
Dans Soul Reaver 2, l’histoire prend une tournure encore plus ambitieuse, explorant les notions de voyage dans le temps et de manipulation divine. Raziel continue sa quête de réponses, naviguant entre différentes époques et affrontant des forces qui dépassent son entendement. Ce second opus étoffe l’univers de Nosgoth, introduisant de nouveaux personnages, factions et révélations qui enrichissent encore davantage la mythologie de la série.
La narration est sublimée par une localisation française de grande qualité, portée par des comédiens de doublage talentueux. La voix de Raziel, interprétée par Bernard Lanneau, confère au personnage un mélange parfait de douleur et de détermination. De son côté, Benoît Allemane (l’un des mes acteurs préférés décédé l’année dernière), prêtant sa voix à Kain, offre une prestation magistrale, rendant ce personnage aussi charismatique qu’effrayant.
Ainsi, au-delà de ses mécaniques de jeu et de ses graphismes, Legacy of Kain brille par son écriture, ses thématiques adultes et ses interprétations marquantes, qui en font une œuvre intemporelle.
Un gameplay retravaillé ?
Le gameplay est une combinaison d’exploration, de résolution d’énigmes et de combats. Les déplacements de Raziel s’intègrent à une architecture labyrinthique qui invite à l’exploration. Ces déplacements pourront vous paraître un peu lourds. Les sauts quant à eux manquent parfois de précision. Pas facile de réaliser un portage d’un jeu qui a plus de 20 ans !
Une des fonctionnalités les plus marquantes est l’utilisation des portails pour voyager rapidement entre différents points du monde. Cela simplifie les allers-retours, essentiels pour progresser dans des zones précédemment inaccessibles une fois de nouvelles compétences débloquées.
Raziel gagne en effet des pouvoirs tout au long de son aventure, comme grimper sur des murs ou projeter des projectiles d’énergie. Ces capacités ne sont pas uniquement des outils pour les combats, mais aussi des clés pour résoudre des puzzles environnementaux. Par exemple, certaines énigmes nécessitent de manipuler des blocs pour activer des mécanismes, tandis que d’autres exploitent l’alternance entre les royaumes matériel et spectral. Dans le royaume spectral, le décor se distord, permettant à Raziel de franchir des obstacles ou de déformer des environnements. Ces mécaniques ajoutent une profondeur stratégique et rendent chaque pouvoir indispensable à votre progression.
Cependant, les énigmes peuvent parfois manquer de clarté. Si certaines brillent par leur créativité, comme aligner des miroirs pour focaliser un rayon lumineux, d’autres souffrent d’un manque d’indications et d’une difficulté parfois frustrante. Les puzzles reposent souvent sur la logique et l’observation, mais leur répétitivité, notamment autour de la manipulation de blocs, peut devenir lassante. Malgré cela, le sentiment d’accomplissement lorsqu’une énigme complexe est résolue reste un point fort du jeu, renforçant la satisfaction du joueur à chaque victoire.
Ainsi, les déplacements, les portails, et les compétences acquises au fil du jeu s’entrelacent parfaitement pour offrir une expérience équilibrée, bien que parfois exigeante, entre exploration et réflexion. Aspyr a d’ailleurs eu la bonne idée d’ajouter une map interactive pour ne pas perdre de vue l’objectif. Cette carte rappelle également les objets que nous n’avons pas encore ramassé.
Dans l’ombre de Nosgoth
La remasterisation de Soul Reaver 1 & 2 s’appuie sur le moteur Unity, permettant une refonte visuelle significative tout en respectant l’esthétique gothique et oppressante des jeux originaux. Les textures, auparavant limitées par les capacités techniques des consoles de l’époque, ont été entièrement recréées en haute définition. Cela est particulièrement visible dans les détails des environnements : les ruines majestueuses de Nosgoth, les cathédrales abandonnées et les marécages sinistres gagnent en richesse visuelle et en profondeur.
Le travail sur l’éclairage est également un point fort. Le nouveau système d’ombres dynamiques et de lumières volumétriques renforce l’ambiance, en particulier dans les zones sombres et confinées, où chaque rayon de lumière donne une dimension presque tangible aux décors. Les effets visuels, comme les distorsions dans le royaume spectral ou les animations de téléportation à travers les portails, sont modernisés pour mieux refléter l’identité surnaturelle du jeu.
Cependant, malgré ces améliorations, certains problèmes techniques subsistent, hérités des limitations des jeux originaux. La caméra, en particulier, reste un point faible. Dans les espaces étroits ou lors des affrontements, les angles de vue peuvent devenir désorientants, rendant certains combats ou sauts précis plus frustrants qu’ils ne devraient l’être. Cela montre que, bien que modernisée, l’expérience reste ancrée dans des mécaniques datées.
Enfin, les modèles de personnages ont été retravaillés, avec des visages et animations plus expressifs qui donnent vie aux protagonistes comme Raziel et Kain. Malgré tout, certaines animations secondaires, comme les mouvements ennemis, peuvent paraître rigides, rappelant leur origine des années 1990.
Legacy of Kain, le Soul Reaver de la médaille…
La remasterisation de Soul Reaver 1 & 2 est une véritable lettre d’amour aux fans de la série et une porte d’entrée idéale pour les nouveaux joueurs curieux de découvrir cette saga culte. Aspyr a réussi à moderniser ces deux chefs-d’œuvre tout en respectant leur essence, grâce à des graphismes sublimés, une atmosphère fidèle et un gameplay qui, malgré son âge, conserve un charme certain.
Cependant, certains défauts d’origine persistent et rappellent que ces jeux, aussi brillants soient-ils, sont le fruit de leur époque. Les angles de caméra frustrants, la difficulté parfois déséquilibrée et la répétitivité de certaines énigmes témoignent de limitations techniques et conceptuelles propres à l’ère de la PlayStation 1. Malgré ces points faibles, l’expérience reste marquante grâce à sa narration captivante, son ambiance unique et ses mécaniques de gameplay innovantes.
Ce remaster laisse également entrevoir un avenir prometteur pour les classiques du jeu vidéo. Après avoir brillamment modernisé Tomb Raider 1-3 et maintenant Soul Reaver 1 & 2, Aspyr semble avoir trouvé une niche qui pourrait ravir les nostalgiques. On ne peut s’empêcher de rêver à d’autres icônes du passé qui mériteraient une cure de jouvence. Parmi les titres espérés, Legacy of Kain: Defiance, le chapitre final de la saga, serait une suite logique à ce projet.
Avec cette remasterisation, Aspyr prouve que moderniser des œuvres cultes tout en respectant leur héritage est non seulement possible, mais essentiel pour perpétuer leur légende. Une réussite qui donne envie de replonger dans Nosgoth et, pourquoi pas, dans d’autres univers mythiques du jeu vidéo.
Points positifs :
- Scénario captivant, riche en thématiques adultes et en rebondissements
- Atmosphère gothique magnifiée par des graphismes modernisés
- Gameplay stratégique avec l’alternance entre les dimensions matérielle et spectrale
- Bande-son immersive et doublage français de grande qualité
- Un excellent hommage pour les fans de la série
- L’ajout d’une map interactive
Points négatifs :
- Problèmes récurrents avec la caméra, notamment dans les espaces restreints
- Difficulté inégale, avec des énigmes parfois frustrantes ou répétitives
- Quelques animations secondaires rigides, trahissant l’âge des jeux.
- Absence d’ajouts significatifs au gameplay ou au contenu original