Life is Strange, le jeu au format épisodique de Square Enix est disponible depuis le 22 janvier, l’occasion de vous proposer le test de mon deuxième coup de coeur de ce début d’année.
Pas si étrange que ça
Le format épisodique est depuis quelques temps un modèle économique à la mode. Surfant sur la même politique que Telltale (The Wolf Among Us, The Walking Dead), Square Enix nous propose Life is Strange. Découpé initialement en 5 chapitres, le jeu est disponible depuis le 22 janvier au format blu-ray dans une édition spéciale que je vous dévoilais sur le blog.
Développé par Dontnod Entertainment et édité par Square Enix, Life is Strange met en scène Max (diminutif de Maxine), une jeune lycéenne de 18 ans possédant le pouvoir de remonter le temps. Vivant dans la ville d’Arcadia Bay, Max constatera très vite d’étranges phénomènes qu’elle devra tenter de comprendre à l’aide de son amie de toujours, Chloé.
J’ai toujours préféré attendre que tous les épisodes d’une licence soient disponibles avant de m’y lancer dedans. C’était déjà le cas pour The Walking Dead saisons 1 et 2 et The Wolf Among Us. Toutefois je garde des souvenirs peu gratifiants sur ces dernières. Est-ce qu’il en sera de même pour Life is Strange ?
Des pouvoirs à utiliser avec parcimonie
Tout le monde connait l’expression (ou métaphore) « l’effet papillon » qui résume une pensée selon laquelle toute modification d’un événement passé peut avoir des répercussions sur le présent ou le futur. Appelé également Théorie du Chaos (qui est d’ailleurs le titre de l’épisode 3), cette métaphore n’est applicable que dans le cas de voyages dans le temps.
Et ça tombe plutôt bien, car Max, notre héroïne est capable de voyager dans le temps (uniquement le passé). Tout au long de l’aventure, elle pourra revenir sur ses décisions afin de modifier le cours du temps. Tous les choix pris influeront sur votre manière de jouer, sur les événements du jeu. Mais malheureusement vous vous rendrez compte, à la fin du jeu, que les décisions prises importe peu. C’est vraiment dommage, on a l’impression que finalement on a perdu du temps à essayer de faire les bons choix, ceux qui nous semblaient juste mais qu’au final ils ont eu peu d’impact. Et c’est finalement là que ce jeu tout comme ceux de Telltale se ressemblent. C’est le gros point noir du jeu mais qui ne gâche pas pour autant l’expérience globale.
Max est également une jeune photographe très douée. D’ailleurs le parallèle entre le temps figé des photographies et le voyage dans le temps est omniprésent et très bien expliqué. Et le scénario n’est pas étranger à tout ça.
Un jeu interactif très scénarisé
La scénarisation est sans aucun doute le gros point fort de ce jeu. Tout a été pensé de manière à ce que le joueur soit plongé intégralement dans le jeu. Notamment avec le journal de Max qui contient une multitude d’informations : fiches de personnages, descriptions des lieux, pensées de la jeune fille (plus de 70 pages !), photos optionnelles, etc. Afin de ne pas noyer le lecteur, ces informations sont débloquées au fil de l’aventure.
Mais cela ne s’arrête pas là, vous pourrez recevoir des SMS, en envoyer (même si vous n’avez pas la main sur le choix des phrases, scénario oblige), interagir avec toute sorte de documents (coupures de journaux, photos, cahiers, posters, flyers, prospectus, pancartes, etc.) intégralement et correctement traduit en français. D’ailleurs on notera l’attention particulière portée à la traduction et au jeu d’acteur impeccable.
Tous ces détails permettent une immersion des plus intenses si bien qu’il est assez difficile de mettre le jeu en pause pour devoir faire autre chose. Pour un peu que vous preniez le temps de lire tous les documents, vous comprendrez mieux les événements qui se trament dans Arcardia Bay.
Une ambiance hors du temps
Les graphismes de Life is Strange sont loin d’être aussi beaux qu’une grosse production triple A, surtout ceux concernant les personnages, mais il faut avouer qu’ils possèdent un réel charme. Qui plus est je ne pense pas que l’on puisse résumer un jeu à ce seul critère malgré le fait que nous sommes sur consoles next-gen. Par ailleurs Life is Strange possède un background et une ambiance qui nous font vite oublié ce défaut.
La mauvaise synchronisation labiale est vite oublié également par un doublage de qualité, dirigé (entre autres) par Hannah Telle (Maxine) et Ashly Burch (Chloé). A cela s’ajoute une traduction quasi parfaite, à 10000 lieues de ce que nous propose les jeux Telltale.
Enfin une bande-son inoubliable vient embellir ce jeu grâce au talent de Jonathan Morali mais aussi de quelques groupes de renom comme Angus & Julia Stone ou Syd Matters. En vous procurant le jeu en édition limitée, vous pourrez écouter tous ces morceaux.
1, 2, 3, souriez !
La photographie est une réelle passion pour Max, si bien que les développeurs ont astucieusement intégré ce loisir dans le jeu. Dans certains cas, Max pourra prendre des photos de personnes, d’animaux, d’objets de son environnement afin d’alimenter son portfolio. En plus des photos prises automatiquement dans les cinématiques, vous pourrez prendrez 10 photos optionnelles dans chacun des chapitres.
C’est d’ailleurs comme ça que sont découpés les trophées dans le jeu : un en terminant le chapitre, un pour chaque photo optionnelle, un pour avoir photographié les 10 sujets optionnels.
Là encore l’équipe de Dontnod a permis aux joueurs de suivre leur progression, toujours par le biais du journal de Max. Comme en plus ces photos sont triées dans l’ordre d’obtention (à condition bien entendu de bien comprendre l’ordre) il est facile de constater à quel endroit nous en avons oublié. Il faudra cependant parfois utilisé le pouvoir de notre héroïne ou même interagir avec certains personnages et objets pour prendre la bonne photo au bon moment.
Enfin, vous pouvez décider de rejouer une partie de chapitre en mode collectionneur au cas où vous auriez oublié de prendre une photo optionnelle. Dans ce mode toutes les décisions prises n’ont aucune influence sur le jeu.
Le jeu possède une durée de vie plus que correcte. Comptez 2h30 pour chaque épisode en prenant le temps de bien fouiller. Si en plus vous utilisez constamment le pouvoir de Max pour voir tous les embranchements possibles, vous pouvez facilement ajouter une bonne heure pour chaque épisode.
Le prix Pulitzer ?
Life is Strange fait partie de ces jeux aux graphismes qui peuvent paraitre au premier abord moyens. Mais c’est sans compter le charme des protagonistes, l’ambiance dégagée par les décors, le casting, mais surtout par un scénario béton et cohérent de bout en bout.
Dontnod signe ici un titre cohérent du début à la fin et dont il est difficile de se détacher. Étant donné la narration de chacun des chapitres, je suppose que les joueurs devaient réellement attendre le suivant quand le jeu n’était pas encore disponible intégralement. Réussir à tenir les joueurs en haleine était le pari qu’avait pris Dontnod et on peut dire qu’il est réussi.
Après Trine 3, ce jeu devient mon deuxième coup de cœur de l’année, tellement j’étais immergé dans l’aventure. Il n’était d’ailleurs pas rare que je revienne en arrière afin de refaire certaines scènes avec des choix différents. C’est aussi ça le gros point fort de Life Is Strange.
Les plus :
- Scénario au top !
- Personnages touchants
- Une bande-son inoubliable
- Une bonne durée de vie
- Le background (journal de Max, documents, photographies, etc)
- Le jeu d’acteur
Les moins :
- Synchronisation labiale
- Quelques bugs de collision
- Les choix n’influent pas réellement sur l’issue finale
- Platine sans challenge